Mon voyage d’Homme

Pour me lancer dans cette quête de reconnexion avec elle, j’ai dû d’abord quitter les rives connues de qui je croyais être pour m’aventurer à la recherche de cet inconnu que j’étais en Vérité. Aujourd’hui après quelques années à voyager je pense me connaître un peu mieux, à tout le moins avoir enlevé quelques couches de « faux-moi » qui recouvraient l’homme que je suis réellement.

Depuis, j’écris – je sème des pierres blanches – pour baliser ma route d’homme. Si vous relisez mes textes depuis le début vous verrez plus clairement mon voyage-mis-en-mots. Mon point de départ fut d’admettre cette frustration et cette colère intense de ne pas être reçu plus souvent dans son corps de femme. J’avais faim, si faim… (Je salue au passage tous ces hommes qui vivent cette vie d’assoiffé-auprès-de-la-fontaine. Messieurs je vous comprends et vous invite à lire ce qui suit.)

Acculé au pied du mur, ayant tout essayé dans le FAIRE, j’ai dû me résoudre à lâcher prise. Partant de là il ne me restait plus qu’une seule avenue : repartir de zéro et écouter ce qu’elle avait à dire… tenter de comprendre ce qui me semblait incompréhensible. Complicité, connexion, intimité, tant de mots féminins qui pointent tous dans cette direction inconnue… celle du cœur. Sans cœur, la sexualité que je lui propose reste un monologue sans saveur, une course sans âme. Et dire que je pensais être un bon amant… Ce fut assez douloureux à entendre.

Une fois le choc encaissé, je comprends assez clairement que je suis un homme comme on voit partout, un homme masculin bien à l’aise dans le FAIRE (yang) mais passablement déconnecté de son ÊTRE (yin). En résumé je suis un homme qui vit à une extrémité du spectre des possibles, dans une seule couleur de l’arc-en-ciel… Comme vous le savez lorsqu’on remet le balancier en mouvement il commence par s’élancer très loin de sa position d’origine…

Comme un chevalier en mission je m’élance à fond dans l’exploration du yin… tout en rejetant en bloc mon yang que je trouve brutal et déconnecté. J’ouvre mon cœur, je guéris mes blessures émotionnelles, j’apprends à communiquer de façon authentique, à me ressentir de plus en plus, je développe ma présence… En d’autres mots je commence à intégrer tout ce qu’elle essayait de me dire dans ses mots de femmes. Je comprends aussi que sans mon engagement total, rien ne serait arrivé. Je reprends confiance devant tout ce chemin d’accomplissement.

Avec Barry Long je découvre une sexualité où le yin est très valorisé. Enfin elle me reçoit, enfin elle commence à aimer ce que je suis en mesure de partager dans l’intimité. De plus, c’est maintenant à mon tour de l’aider à guérir ses blessures. Cependant après quelques temps il devient évident que ça manque de mordant, de GRRRRRRR! En continuant de descendre en moi je touche à de nouvelles profondeurs, de la colère refoulée qui refait surface, des parties de moi demandent à vivre!

Peu à peu je recontacte mon yang, cette énergie indomptable, celle du Fauve rugissant. Nouvelle prise de conscience, le balancier s’élance… un peu moins loin cette fois et continue ses mouvements. Je quitte peu à peu les extrêmes pour osciller dans une plus grande palette de l’arc-en-ciel des possibles. La sexualité plus fréquente devient plus équilibrée aussi. Je peux rugir sans me mettre à courir comme un automate. Rugir et rester conscient, rester à l’écoute tout en avançant profondément en elle… Mon yang danse avec mon yin sans que l’un n’écrase l’autre.

Messieurs, c’est le printemps, pas besoin de calendrier pour le savoir. Vous sentez comme je sens la force du désir qui se rappelle à soi. Le Fauve se débat dans ses liens… Je sais que le chemin peut paraître long… Mais en réalité il n’a ni commencement ni fin. Le plus difficile est simplement de se décider à y aller consciemment et d’engager toute la force de son Intention.

Mesdames, n’allez pas croire que vous n’avez rien à dépasser, que vous n’avez pas votre propre balancier à mettre en mouvement, vos propres automatismes à démonter. Elle pourrait aussi écrire un texte similaire au féminin. Il est facile de nommer ses besoins, de les réclamer à grands cris… mais soyez conscientes que l’homme à les siens qui lui sont propres et non pas moins importants que les vôtres.

À vous tous qui aspirez à dépasser vos propres limites, vous êtes faits pour vivre ensemble, pour vivre enlacés. Ne laissez pas les difficultés du chemin, vous arrêter et vous vaincre. Vous avez tous un incroyable potentiel qui demande à voir le jour. Je crois en vous tous en j’ai foi en l’humanité. Je vous invite à rêver tous ensemble d’un jour prochain où hommes et femmes se retrouveront enfin pour vivre… main dans la main.

~Jean-Philippe Ruette