S’il est une chose sur laquelle nous étions d’accord dès le début de notre relation, c’était bien sur l’importance de la sexualité au sein du couple. Poussés par l’élan de la passion de cette toute nouvelle relation, cela semblait aller de soi et nous avions la certitude que la sexualité ne serait plus un problème cette fois-ci…
Pourtant, arriva un jour où mon désir avait tout simplement disparu. Dispersé au travers de la routine, des frustrations accumulées, du manque de temps, de la fatigue, des enfants … Allez savoir! Reste qu’au final, il n’y en avait plus qu’un soupçon.
À ce moment-là, s’il n’en avait été que de moi, la solution aurait été très simple: renoncer à la sexualité sauf pour ces quelques fois où j’en ressentais l’élan. Les autres jours, je me serais contenté de ses câlins, de ses étreintes et la vie aurait été (oh tellement!!) belle, facile.
Mais je n’étais pas seule. Et ma solution, je le savais puisqu’il avait toujours été très clair là-dessus, était tout simplement non-envisageable. Mettre un terme à la sexualité ou encore la réduire à un événement qui se produit une fois de temps en temps, si tous les astres sont biens alignés, était tout simplement hors de question pour lui. Pour lui c’était très clair : pas (ou trop peu) de sexe = pas de couple. Point final. C’était à prendre ou à laisser.
De dire que de me retrouver face à cette évidence m’a fait rager est bien peu dire. Je suis passé par toutes les colères possibles qui ont fait remonter les blessures, m’ont mises sens dessus-dessous. Je me suis sentie impuissante. Je me suis sentie juste bonne à baiser. Eu l’impression que ce que je suis ne pouvait être suffisant pour qu’on veuille rester avec moi. Je me suis sentie comme un objet de désir, un moyen de passer son trop-plein de tension. Et j’en passe … J’en suis même venue à me détester lorsque me venaient des élans de désir, une envie de faire l’amour. J’ai eu honte de désirer ce qui me faisait tant frustrer tous les autres jours du mois.
Pourtant je suis restée… Pourquoi???
Je crois qu’à l’époque je savais déjà sans le savoir. Je crois que je savais que c’était simplement ce qu’il fallait faire. La route à suivre. Oui, j’en ai bavé, j’ai ragé, j’ai pleuré. Mais au final, je me suis brisée pour mieux me connaître, me reconstruire jusqu’à être ici aujourd’hui à écrire ces quelques lignes.
Mettre une croix sur la sexualité n’étant pas une solution possible, j’ai alors opté de militer pour obtenir de la qualité versus de la quantité. Et ça, oui ça, ça l’a fait rager. Car pour lui, la quantité était tout autant, sinon plus importante que la qualité. Mais, aussi frustrant que cela ait pu l’être, c’est également ce qui l’a motivé. S’il voulait davantage, il lui faudrait trouver la bonne approche. Celle qui ferait en sorte que j’en aurais tout autant envie que lui. Trouver son chemin jusqu’à moi.
Le processus a été long, difficile, pénible car le fossé des incompréhensions était immense entre nous, nous ne savions pas où nous allions, nous ne savions pas communiquer. Nous étions dans les reproches. Nous ne savions pas faire autrement que de se lancer des pierres lorsque l’autre n’était pas à la hauteur, faisait un faux pas, fausse route.
Et surtout, surtout, nous ne savions pas qu’au final, nous recherchions tous les deux la même chose, se connecter, s’accueillir : s’aimer.
S’il m’avait écouté, s’il avait accepté que l’on ferme la porte à la sexualité, accepté de renier son désir, nous n’en serions pas là aujourd’hui. J’en suis convaincu. C’est son acharnement à garder vivante la sexualité entre nous, au même titre que mon acharnement à vouloir plus de rapprochement des coeurs qui nous ont permis de se retrouver. Et c’est aussi ce refus de fermer totalement la porte au besoin de l’autre, même si on n’arrivait pas à en comprendre le sens, même si ce n’était pas confortable, même si c’était éprouvant qui nous a fait avancer.
Il nous a fallu plusieurs années de guerre froide et de claquage de porte pour enfin trouver les réponses. Nous retrouver et enfin pouvoir redonner à la sexualité – une sexualité maintenant saine pour les deux, empreinte de présence, de connexion et d’amour – toute sa place au coeur de nos vies.
~Julie Tremblay