Passé la lune de miel et l’inévitable lutte de pouvoir qui s’en suit, chacun finit par se retrouver devant cette douloureuse prise de conscience : non, l’autre n’a pas vraiment le pouvoir de me faire sentir à nouveau complet, de guérir mes blessures d’enfance ou encore d’aller au-devant de tous mes besoins. Il est simplement comme moi, un autre être humain qui fait de son mieux pour cheminer vers une vie plus ensoleillée.
Arrivé là, il devient évident que le blâme – la critique sous toutes ses formes – n’est qu’une stratégie maladroite, véritable cri du cœur, pour vivre plus d’amour dans la relation. L’équation inconsciente est la suivante : si je te critique assez longtemps, si je te pique là où ça fait vraiment mal alors tu vas finir par m’aimer davantage. En réalité l’autre va surtout comprendre que je ne l’aime pas sans condition et qu’il doit changer pour que je me sente mieux.
Rendu à ce carrefour, chacun se retrouve devant cette autre évidence : je l’ai choisi à dessein, pour toutes sortes de raisons, mais surtout pour obéir à cet impératif de la vie : refaire l’unité en moi! Et là je peux m’apercevoir ému, que je l’ai choisi d’abord et avant tout parce qu’elle me reflète si bien ce que je ne veux pas voir, mes parties refoulées, tout ce que j’ai appris à cacher pour être accepté, aimé par les gens qui ont marqués mes premières années. En réalité elle m’aide à voir que ce qui me manque se trouve refoulé dans mes profondeurs et non pas à l’extérieur!
Alors, ce peut être ici le début de cette grande aventure à deux, celle du couple-allié où nous choisissons consciemment de cheminer ensemble, en osant regarder en face, cœur à découvert, ce reflet parfois si cru que je peux voir dans les yeux de l’autre, au-delà de mes projections, de mes stratégies de survie, de la critique, pour oser l’amour inconditionnel, pour avancer vers toujours plus d’intimité, de vulnérabilité, de paix, d’unité, de joie.
Merci à toi mon adorée, d’avoir osé conjuguer le « nous », beau temps, mauvais temps, à l’impératif comme au présent. Par-delà toutes nos années, je reste ton dévoué.
~Jean-Philippe Ruette