Qu’il est émouvant de voir s’ouvrir le cœur des hommes ! Qu’il est bouleversant de voir se fissurer l’armure qui emprisonnait le plus dur des chevaliers. Quelle douce mélodie enfin d’entendre cette joie pure, inaltérée, de la voir émerger telle une rivière sortant de son lit, telle une fleur au printemps.
Nous étions ce week-end une trentaine d’hommes rassemblés pour continuer ce long voyage en quête de notre identité masculine, en quête de nous-mêmes. C’est quoi pour moi être un homme ? Qu’est-ce qui nous rassemble au-delà des étiquettes, des injonctions, du conditionnement ? Comment faire tomber mes masques, oser montrer toute ma vérité ? Quelle est cette couleur unique que j’apporte dans le monde ?
Là, comme à chaque fois, j’ai vu à quel point ces espaces de fraternité sont puissants et si nécessaires ! Que de sécurité, de bienveillance il nous faut pour oser toucher du cœur nos parties blessées, refoulées, affamées d’amour. Comme il est bon de pouvoir s’abandonner, de faire confiance, de plonger en se reposant sur les épaules soudées de ses frères de traversées.
Qu’il est guérissant de se voir reflétée dans leurs yeux sa propre beauté, d’être vu en totalité, de pouvoir danser toutes ses couleurs sans la peur viscérale d’être jugé, condamné, rejeté. Qu’il est bon finalement de revenir lentement vers la maison en y rapportant comme autant de trésors, des larmes, des cris, des sourires, des rugissements et cette joie tranquille qui jaillit de mes profondeurs quand je vis toutes mes émotions.
Que de gratitude pour ton accueil en rentrant. Comme j’aime sentir ton corps de femme contre le mien et me laisser toucher par ton sourire si plein de tendresse de me voir revenir d’un long voyage. Peu importe mes détours et mes hésitations, je l’ai toujours su, tous les chemins me ramèneront toujours vers ma propre maison, vers mon cœur, vers toi.
~Jean-Philippe Ruette