Encore une folle journée à courir, à tenter de retenir le temps qui me glisse entre les doigts… Déjà le soir et malgré moi, même si les enfants sont couchés, je continue ma course effrénée, entraîné par mon élan, par le tourbillon de mes pensées…
Je le sais, je dois m’arrêter. Pourtant je n’ai pas envie de faire d’effort. J’ai seulement envie de m’écrouler dans le canapé, de débrancher la voix-qui-parle-dans-ma-tête… de m’abandonner à mon inertie…
Heureusement tu es là… Tu me vois dériver, perdu au loin de moi-même… Doucement, tu viens te blottir contre moi… peau à peau. Alors, comme le rêveur qui s’éveille en sursaut, je retombe dans mon corps, hébété, soulagé d’être ainsi stoppé par ta présence silencieuse.
Je laisse ta chaleur envahir mon corps et mon cœur qui s’ouvre… Je me laisse habiter par ta douceur, par ta beauté-qui-rayonne… Mon souffle s’allonge enfin… mes pensées se bousculent encore, mais je sens qu’elles s’espacent doucement… entrecoupées par le son des battements de mon cœur…
Je peux maintenant t’accueillir… Sentant mon ouverture tu te laisses aller en me racontant tes aventures du jour… tandis que je te caresse, tandis que je t’aime, tandis que mon cœur se charge de toi. Bien sûr je n’enregistre pas tout… Parfois, souvent, les mots ne sont-là que pour habiller l’Amour qui circule entre nous… Plein de toi mon corps s’éveille, mon corps s’anime… Ton désir se creuse, le mien se tend…
Si complémentaires… si beaux…
Détendue tu peux maintenant m’accueillir… Tes yeux m’appellent en silence, ton sourire me dénude… Sentant ton ouverture je me laisse entraîner vers toi, en toi qui s’abandonne… Doucement, tu te laisses pénétrer par ma présence par ma force bienveillante… Peu à peu en toi s’ouvrent les portes du Temple Sacré… les portes qui mènent à l’Océan… au Silence… à l’Infini…
Si complémentaires… si beaux.
~Jean-Philippe Ruette