Il y a quelques années, pourchasser l’orgasme était pour moi un travail à temps plein. Pour arriver à mes fins, toute la journée j’échafaudais des plans audacieux que j’essayais de mettre en scène le soir venu. Toute mon énergie était mobilisée vers l’atteinte d’un objectif implicite, celui de jouir et de la faire jouir. Assez rapidement elle s’est sentie utilisée, enrôlée dans un film à sens unique où n’importe quelle héroïne aurait pu la remplacer…
Frapper le mur de la réalité a été pour moi un réel soulagement. De l’autre côté de cette prise de conscience – l’orgasme n’est plus le but à atteindre – je me suis retrouvé devant un vide et une étrange question : mais alors, pourquoi faire l’amour ? Peu à peu, libérées d’une destination obligée, nos rencontres se sont allongées et je me suis senti glisser vers des profondeurs inconnues de mon être…
C’est là, dans cet espace intemporel, que j’ai découvert ce que mon corps essayait de me dire depuis si longtemps. Sans destination je peux ralentir, respirer, ressentir et graduellement glisser avec elle dans un profond état méditatif où mes pensées disparaissent, où mon cœur s’ouvrir enfin devant sa beauté qui, tel un soleil, se lève alors immense dans notre ciel.
Et cette rayonnante-beauté est un concentré d’amour pour nos cœurs et nos corps qui se chargent alors d’énergie, d’étoiles, de feu, de vagues, tandis que la Vie se réjouit avec nous, tandis qu’une vibration silencieuse nous remplis de musique. Être baignés dans cette lumière c’est comme de boire à la Source, d’être plongés dans la Terre nourricière, de toucher enfin cet espace de non-désir où il n’y a que la paix originelle.
Merci mon adorée d’avoir osée te positionner et d’explorer avec moi depuis, toutes ces contrées ensoleillées (et orageuses!), qui s’ouvrent par-delà notre engagement de marcher ensemble, avec bienveillance, notre chemin.
~Jean-Philippe Ruette