Tôt ou tard, l’homme moyen se heurte au « non » de la femme nue. Tôt ou tard, celle-ci finit par écouter son corps qui n’en peut plus d’être pénétré sans amour, sans conscience. Quand ça m’est arrivé, j’ai dû me raconter toutes sortes d’histoires pour fuir dans ma tête, pour éviter de ressentir toutes ces émotions douloureuses qui m’envahissaient.
Au fil des années, toutes ces histoires m’ont fait faire un très très long détour où je me suis tenu au plus loin de moi-même, là où ça faisait si mal. Ainsi, j’ai projeté jour après jour tout ce que j’ai pu sur elle pour éviter de souffrir, pour éviter de voir mon propre reflet dans ce miroir qu’elle me tendait du bout du cœur.
Épuisé – comme c’est difficile de vivre hors de soi ! – j’ai fini par admettre qu’elle n’était sans doute pas brisée, que mon niveau de performance n’intéressait que moi et que comprendre avec la tête n’était pas suffisant. En silence elle me demandait de ressentir intensément, d’être en elle.
En découvrant ma propre vulnérabilité, j’ai commencé à prendre la responsabilité de toutes ces émotions qui me tordaient le cœur et à voir ces reflets pour ce qu’ils étaient vraiment : des cadeaux. En silence toujours, elle m’invitait du cœur à faire ce chemin à rebours vers celui que j’étais vraiment au-delà des mes écrans.
Émerveillé, j’ai découvert que ma sexualité se transformait d’elle-même lorsque je changeais de carburant. Ce n’était pas tant de techniques, d’objectifs à atteindre, de mental dont elle avait le plus besoin, non c’était simplement d’accueillir en elle – sans condition – ce que j’avais de plus précieux : mon feu sacré, toute ma présence d’homme-par-le-cœur-relié.
~Jean-Philippe Ruette