La fusion cœur-sexe

Je méditais dernièrement sur les nombreux bienfaits d’une sexualité plus lente et plus consciente… Je réalisais à quel point cela m’avait – au fil du temps – touché et transformé de l’intérieur. Ce qui me frappe le plus ces temps-ci est de voir à quel point elle brille, à quel point elle m’éblouit quand je suis en elle.

Par bonheur, le rythme lent permet de faire des pauses, de prendre le temps de ressentir ce qui est là, ce qui vibre en soi. Les yeux ont le temps de se rencontrer, de se parler en silence, de s’aimer. Naturellement les sens s’aiguisent et ajoutent tant de couleurs là où il n’y avait que du noir et du blanc…

Immobile – ou pas – je laisse ma puissance bienveillante se diffuser en elle, vague après vague… Lentement – ou pas – le feu de mon désir éveille ses profondeurs, souffle sur ses braises qui se raniment et la creuse de l’intérieur. Son corps s’ouvre si naturellement et me fait comprendre – chaque jour davantage – la signification des mots « accueil inconditionnel ».

Au fur et à mesure que nos corps se réchauffent, que nos respirations s’allongent, je la vois lentement glisser dans ces profondeurs océaniques qui s’ouvrent dans son ventre de femme, dans son temple sacré. Dans ces moments-là, je sens sa conscience se dilater et s’étirer à l’infini, comme si elle touchait à son essence, comme si elle se fondait dans l’Océan intérieur.

Et cette vision d’elle – si vulnérable et si puissante – me transperce littéralement le cœur et me plonge dans un délicieux état contemplatif, un silence vibrant, si plein de vagues. Je ressens alors une plénitude si complète, une paix si profonde, une joie si vivante! Comme si mon cœur et mon sexe fusionnaient ensemble et me réunissaient de l’intérieur…

Ce qui m’émeut le plus je crois, est de sentir cette dissolution de mes écrans, cette nudité totale, comme si, par sa beauté rayonnante (et pénétrante), j’étais entièrement démasqué, rendu à moi-même, à ce que je suis en réalité. Et puis, cette sensation de communion, cette impression si nette, d’être l’Univers qui se regarde – avec tant d’amour – à travers nos yeux réunis.

~Jean-Philippe Ruette