Il n’y a pas si longtemps je me trouvais dans un cercle d’hommes et j’étais touché et frappé d’entendre la détresse ambiante, pour ne pas dire la misère sexuelle dans laquelle se retrouvaient la plupart d’entre eux. Éjaculation précoce, impuissance, anxiété de performance, dépendance à la pornographie, abus, relations peu fréquentes voire inexistantes, tout y est passé… Et pour l’avoir vécu, une part de moi n’avait aucun mal à se relier à leur détresse et à cette faim (sans fin) dont ils parlaient tous.
Et je n’avais pas de mal non plus à imaginer la détresse en miroir des femmes, celles évoquées dans leurs histoires au masculin. Deux solitudes… Pas si facile d’aller dans le monde de l’autre, d’être empathique quand la faim nous tenaille de l’intérieur… Et je me suis retrouvé assis au milieu d’eux à partager qu’il m’arrivait moi aussi d’avoir des moments creux, des moments d’absence où je trouvais plus difficile de la rejoindre dans le corps et dans le cœur. Qui a dit que la relation de couple était un long fleuve tranquille ?!
Dernièrement, j’étais perdu dans l’énumération de mes insatisfactions lorsque j’ai été frappé par une évidence. J’étais le point commun de tous les points sur ma liste. Ouch! J’ai réalisé (encore) que tous mes inconforts ne pouvaient pas vraiment se fuir, mais être traversés, en ralentissant, en respirant consciemment, jusqu’à revenir ici, dans le moelleux de mon cœur, là où je ne me manquais de rien, là où je pouvais me présenter devant elle avec rien à prendre et tout à offrir.
Pour moi l’équation est assez simple, si je suis perdu dans ma tête à tenter de combler mon mal être par une sexualité toute en feux d’artifices à positions multiples, et bien c’est que mon corps au présent n’est pas vraiment confortable! Aussi chaque moment où je me réfugie dans un univers fantasmé m’éloigne résolument de moi, d’elle, de nous. Et perdre le nous, c’est perdre l’essentiel, ce creuset délicat où chacun peut goûter un peu de ce paradis perdu, un peu de ce monde connecté, tapissé de couleurs vives, tissé par les mains de l’Amour.
Notes à moi-même : Il est plus simple de travailler sur la cause que sur les symptômes…
Si je ne suis pas dans mon corps en train d’y goûter la paix ambiante, c’est que je suis probablement en train de la chercher ailleurs, dans ma tête, dans le futur, dans le passé.
Piste d’exploration : Le Processus de la Présence
~Jean-Philippe Ruette