N’eut été de son positionnement de femme – « je ne veux plus être pénétrée sans amour! » – je ne me serais jamais mis en route vers l’inconnu. Certes elle prenait un risque calculé, celui que je quitte notre navire. (J’y ai songé !) Pourtant elle a osé (et je l’en remercie) nommer sa vérité toute nue. Cela n’a pas été facile à dire, ni à entendre, mais dans mes profondeurs se trouvait alors une partie plus guerrière, plus chevaleresque, qui appréciait vraiment d’être ainsi défié, poussé au pied d’un mur, d’un obstacle à franchir, d’un no man’s land à traverser.
Mon premier constat a été de voir à quel point j’avais beaucoup à perdre. Par défaut, on faisait les choses à ma façon, par défaut il n’y avait même pas d’autre façon ! Ce que je voyais avait toutes les allures d’une traversée du désert. Tous les livres que je lisais parlaient de renoncer à l’éjaculation systématique, aux fantasmes, aux scénarios pimentés que j’échafaudais dans ma tête, en somme à tout ce qui pour moi rendait la sexualité si excitante ! La seule chose qui m’encourageait était de savoir qu’elle aussi s’était engagée sur cette route et donc qu’au moins, nous allions pratiquer régulièrement !
Il n’est pas si facile de quitter une rive connue et sécurisante pour s’engager sur un pont brumeux en direction d’une rive inconnue. Je n’avais que des questions sans réponse : comment déposer le fardeau de la performance, décrocher de la course à l’orgasme, déplacer mon focus de l’excitation vers la relaxation, sortir de ma tête, ouvrir mon cœur, faire circuler mon amour, pour ne citer que celles-ci. Pour tout vous dire, les promesses de « connexion intemporelle », de « plénitude extatique » me semblaient bien vagues et tellement hors d’atteinte… Tout cela devait commencer semble-t-il par une sorte de frustration où je devais volontairement me détourner de mon plat favori pour regarder un « truc bio bon pour la santé » mais qui me semblait bien fade à première vue.
Et pourtant ! Quelle belle aventure à s’offrir et à partager ! C’est une route sinueuse ou la destination s’efface devant la beauté de nos corps entremêlés, de nos cœurs entrelacés… C’est aussi un chemin difficile où j’ai a plongé résolument dans mes profondeurs pour en retirer les joyaux qui s’y cachent. Si vous avez l’élan de commencer ou de continuer cette traversée alors je vous invite à me rejoindre ici dès janvier : https://www.audeladesecrans.com/presence-et-sexualite/.
~Jean-Philippe Ruette