La femme-portail

Plonger en elle, c’est comme plonger dans la mer immense, dans cette infinitude animée de courants puissants, de vagues immortelles, qui vont et qui viennent, toujours changeantes, toujours nouvelles… Plonger en elle c’est comme de quitter pour un temps le monde connu, ce quotidien rythmé par le tic-tac de l’horloge, par les choses faites comme il faut, par les convenances et l’ordre établi.

Plonger en elle c’est un aller sans retour dans cet océan d’amour qui l’habite et qui m’invite pour un temps à perdre la tête, à nager près d’elle sous la surface des mots, dans cet espace très doux où il n’y a plus que nous. Plonger en elle, c’est de lui offrir tout ce que je suis, toute ma présence, tout mon amour, sans rien retenir, comme si c’était notre dernier instant, comme s’il n’y avait que ce moment, pour l’éternité.

Plonger en elle c’est aussi tenir du cœur un espace de tous les possibles sans préférence pour les longues plages de sables, les vagues de tempêtes, le fracas de l’ouragan, le silence des profondeurs. Plonger en elle c’est d’abandonner jusqu’à l’idée d’une destination pour embrasser le voyage comme si c’était le dernier, comme s’il n’y avait plus d’horizon au-delà de tes yeux, plus de contrées à visiter au-delà de ta peau satinée.

Et pourtant, tu ne me demandes pas d’être parfait, d’une présence totale, toujours à viser la plus haute étoile. Non, depuis toujours tu me demandes en silence de venir à toi sans cacher mes arrières pensées, avec mon corps et mon cœur qui disent la vérité, quelle qu’elle soit. C’est la seule nudité dont tu as besoin pour te sentir suffisamment en sécurité pour oser la vulnérabilité, pour m’ouvrir les portes de ton Temple, portail sacré vers l’Immensité.

~Jean-Philippe Ruette