Sexualité connectée

L’excitation est grisante je le reconnais. Quand elle monte en moi je peux sentir dans mes veines ce flot intense d’adrénaline qui m’active et me pousse à passer à l’action sans perdre un instant. Rapidement mon souffle va se raccourcir, mon cœur s’accélérer. Bientôt c’est tout mon corps qui va s’emballer pour mettre en mouvement cette énergie ainsi mobilisée.

Cette activation du corps est vraiment puissante. Quand elle m’emporte, je peux sentir à quel point je suis biologiquement conditionné à prendre le chemin le plus court. Toute mon énergie se trouve alors canalisée, dirigée vers l’accomplissement du programme écrit dans mon ADN. Pour moi ça donne l’équation suivante : plus je donne libre cours à mon excitation et plus je m’engage dans le programme (standardisé et répétitif) prévu pour la reproduction de l’espèce.

Transposé dans l’action cela prend la forme d’un point de bascule où l’excitation me submerge telle une vague qui va rapidement m’emporter vers cette même finalité. Avec le recul je comprends mieux pourquoi elle me demandait de sortir de cette course à l’excitation pour rester avec elle dans cet instant qui existe en amont du point de bascule.

Dans ses mots de femmes elle me disait : « j’ai l’impression que n’importe quelle femme pourrait me remplacer! » Difficile à entendre mais ô combien révélateur de la déconnexion qui accompagne ce point de bascule où l’automatique prend le relais… En cultivant ma qualité de présence, en respirant profondément, j’ai découvert qu’il est possible de tenir à distance ce point de bascule – ce moment où je vais courir vers la fin – et de choisir un autre chemin.

À partir de là un autre univers s’ouvre aux amants. Ils peuvent à présent surfer sur les vagues tout en restant connectés l’un à l’autre par le corps, par le cœur et par le regard. Là, existe un espace où le temps se dilate, où les mots se transforment en musique, où les coeurs se parlent en silence, où ils entrent en résonance.

~Jean-Philippe Ruette