Résoudre l’équation féminine

J’ai reçu énormément de mots d’encouragement suite à la parution de mon TEDx intitulé : « Pourquoi faire l’amour ? ». Merci à tous pour votre incroyable support ! Je suis heureux de voir que notre message voyage sur les ailes d’un enthousiasme littéralement contagieux. Déjà des milliers de personnes ont vu la vidéo lancée début février !

J’ai reçu aussi quelques commentaires de gens qui s’interrogent sur un point bien particulier du TEDx. C’est bien sûr le moment où, en réponse à plusieurs de mes questions, elle me dit : « Je ne sais pas, tu devrais le sentir ! ». J’ai bien compris que plusieurs personnes étaient contrariées par cette réponse.

Lui : Dis-moi ce que tu as besoin comme sexualité ?
Elle : Je ne sais pas, tu devrais le sentir !

Tout d’abord, je vous comprends tellement. Cette réponse reçue au fil des saisons à été pour moi aussi une grande source de contrariété. Je la ressentais alors comme une terrible injustice. J’étais on ne peut plus décidé à changer, fin prêt à répondre à tous ses besoins. Pourtant, elle refusait obstinément de me donner l’information dont j’avais besoin pour y arriver.

Cela me mettait tellement en colère qu’elle ne sache pas répondre à cette question qui me paraissait si simple. Comme il me semblait impossible de ne pas savoir, je préférais supposer qu’elle ne voulait tout simplement pas me répondre, ce qui faisait monter ma colère à des niveaux vertigineux.

Ce n’est que bien plus tard que j’ai fini par comprendre…

Pour elle (et sans doute pour beaucoup d’autres), faire l’amour c’est comme de danser une danse intuitive dans laquelle il n’y a aucun pas étudié, dans laquelle rien n’est fixé d’avance. Pour elle, il n’y a qu’à suivre le flow de chaque instant en surfant sur les vagues de l’amour, celles qui ne s’arrêtent jamais…

De toute évidence, nous n’avions pas la même définition… Pour moi, la sexualité était alors faite d’un enchaînement complexe de positions, de fantasmes avec plusieurs X, de scénarios à mettre en scène, en somme d’ingrédients à combiner pour obtenir LA recette parfaite, celle que je pourrais reproduire à l’infini au gré de mes désirs.

Estomaqué, j’ai alors réalisé que je voyais la femme et sa sexualité comme une équation à résoudre faites de plusieurs variables inconnues que je m’efforçais (sans succès) de découvrir. Aujourd’hui la folie de cette entreprise me fait bien sourire, surtout quand je me surprends encore à tenter d’en percer le mystère…

Donc, quand je lui demandais ce qui avait dans ma bouche toutes les apparences d’une liste d’ingrédients, elle ne pouvait évidemment pas me répondre. La notion même de liste et d’ingrédient était absente de sa définition !

Si elle avait été consciente de tout ça à l’époque, sa réponse aurait pu être : « Il n’y a pas d’ingrédient ni de recette. J’ai besoin d’être en connexion avec toi pour danser une danse toujours nouvelle, toujours unique ! Je te demande de sortir de ta tête pour habiter ton corps et SENTIR les vagues de l’amour ! Ainsi tu sauras intuitivement ce dont nous avons tous les deux besoins en cet instant. »

Aujourd’hui ma définition s’est alignée sur la sienne et je dois avouer que c’est beaucoup plus simple ainsi. Peu à peu j’apprends à me laisser aller et il m’arrive même d’en oublier complètement mon livre de cuisine…

Évidemment je ne prétends pas posséder la Vérité absolue. Mon intention avec ce TEDx était de raconter une histoire très humaine, telle qu’elle s’est déroulée, plutôt que d’offrir un quelconque enseignement ou mode d’emploi (que je ne possède pas d’ailleurs). Si vous savez ce dont vous avez envie et que vous arrivez à le mettre en mots et bien n’hésitez surtout pas à le partager.

~Jean-Philippe Ruette