Dans la sexualité conventionnelle, le toucher est plus souvent qu’autrement, un moyen d’arriver à ses fins. Mécanique, répétitif, orienté vers une finalité, il cherche surtout à exciter, à mettre en tension, à provoquer une montée vers ce fameux sommet à conquérir.
Par bonheur, le corps de la femme possède une sagesse naturelle. Tôt ou tard il va se refermer de lui-même face à cette sexualité déconnectée du cœur, machinale, souvent vécue comme une agression par son corps, qu’elle en soit consciente ou pas.
Dans une sexualité plus connectée, où l’on cherche plutôt à s’ouvrir et à partager son amour, le toucher prend une toute autre saveur. Léger, fluide, organique, sensuel, il peut littéralement vous faire entrer à deux dans cet espace délicieux, sacré, intemporel, offert gratuitement à tous les amants.
À la base, l’intention derrière la main qui touche est très différente. Comme il n’y a plus d’objectif implicite, d’orgasme obligé, la main peut alors prendre tout son temps. Caresses, effleurements, sa peau toute entière devient une contrée vivante à explorer, à faire vibrer, en toute légèreté, sans arrière-pensées.
Au lieu de chercher à exciter, à mettre en tension, on veut maintenant toucher pour ouvrir, pour offrir au corps l’espace de respirer, de prendre de l’expansion, de savourer pleinement son humanité, son organicité. Sentez le grain de sa peau, la douceur satinée de ses courbes épousées. Sentez comme sa peau frissonne et répond à chacune de vos caresses.
Comme il n’y a plus cette urgence d’agir, d’être efficace, il n’est plus besoin d’économiser ses caresses, de les réserver à certaines parties du corps plus réactives, plus faciles à s’enflammer. Pourquoi se limiter à un feu de paille quand on peut s’offrir une belle flambée qui va nous tenir chaud toute une soirée…
~Jean-Philippe Ruette