Imaginez la scène. Vous passez une délicieuse soirée en bonne compagnie. Les yeux dans les yeux, vous comptez ensemble de nouvelles étoiles. Puis, au détour de la conversation l’autre dit quelque chose qui vous déplait. Subitement vous commencez à vous sentir mal. Une émotion, telle une lame de fond, vous envahit et vous chasse du paradis.
Dans la seconde, vous entendez la voix-qui-parle-dans-votre-tête condamner celui qui déclenche en vous ce flot d’émotions indésirées. Vous ressentez alors, telle une injonction, un besoin irrépressible de le critiquer, dans l’espoir de vous sentir mieux. Peine perdue, il semble déjà trop tard pour sauver cette horrible soirée qui avait pourtant si bien commencée…
Vous savez tous de quoi je parle bien sûr, qui ne s’est jamais trouvé dans une situation similaire ? Ces deux premiers paragraphes symbolisent cet immense écueil sur lequel les couples viennent se briser. Il existe heureusement un moyen de sortir de ce cercle vicieux et pourquoi pas, de sauver la soirée.
Nous avons tous vécu dans l’enfance des traumatismes émotionnels. Chacun cache ainsi son lot de blessures sous la forme d’émotions (refoulées) emprisonnées dessous l’armure. Par bonheur il existe en nous un système de nettoyage intégré pour dénouer ces nœuds, pour faire la paix avec le passé.
Sans jamais se fatiguer, l’Univers va mettre en scène encore et encore, des événements pour nous faire contacter ces émotions refoulées et leur offrir enfin, une porte de sortie. À cause de l’intimité de la relation de couple, l’être aimé sera souvent choisi (malgré lui) pour nous offrir cette opportunité ou en d’autres mots, pour appuyer sur nos boutons.
Métaphoriquement voici la scène. Votre chéri(e) vous dit : « ça cogne à la porte! » Vous ouvrez machinalement. Devant vous se trouve un enfant en pleurs. Intuitivement vous savez ce qu’il y a à faire : ouvrir les bras pour l’accueillir le temps qu’il faut. Pourtant, visiblement contrarié, vous refermez violemment la porte en accusant votre chéri(e) d’être responsable de ce qui vient (encore!) d’arriver.
Imaginez maintenant que cet enfant en détresse soit en réalité une version de vous-même figée dans un événement traumatisant d’un passé presque oublié. Que pourriez-vous faire au lieu de critiquer et d’accuser l’être aimé ? La réponse est évidente…
Entre le moment où l’émotion est contactée et l’activation des mécanismes de protection il y un instant au cours duquel il est possible (avec de la présence et de la volonté), de faire un pas en arrière pour prendre du recul et éviter de plonger à pieds joints dans l’engrenage habituel.
En cet instant précis, vous pouvez (1) refuser d’obéir à la voix-qui-parle-dans-votre-tête, (2) avertir votre partenaire que vous avez touché une blessure et (3) ouvrir enfin les bras (le cœur) pour accueillir cet enfant blessé qui n’en finit plus de cogner à votre porte intérieure.
Avec le temps, l’enfant se sentira entendu, rassuré, aimé. Avec le temps, vous allez sentir une paix durable s’installer. Avec le temps, chaque « déclenchement émotionnel » deviendra une occasion en OR de remettre l’amour en circulation.
~Jean-Philippe Ruette