Comme vous peut-être, j’ai été socialisé (conditionné) très jeune à dire ce qu’il fallait au lieu de dire ma vérité. J’ai rapidement compris que celle-ci, par trop dérangeante pour mon entourage, ne pouvait pas être dite telle quelle. Elle devait être filtrée, amoindrie, édulcorée pour ne pas faire vivre d’émotions « négatives » aux autres.
Aussi j’ai grandi en me conformant à une sorte de modèle « d’homme comme il faut » : pas trop ceci, pas trop cela, pressé de me fondre dans la masse anonyme de ceux qui sont dans la moyenne, de ceux qui ne dérangent pas l’ordre établi en sortant du lot. J’irais jusqu’à dire que j’ai passé la plus grande partie de ma vie à louvoyer entre les conflits de façon à être en bons termes avec la terre entière!
Et puis un jour, j’ai eu un choc en découvrant que chacun pouvait prendre la responsabilité de ses émotions et que je n’avais pas me sentir coupable à chaque fois que quelqu’un était contrarié par mes paroles ou actions. Ce fut le début d’un long chemin pour m’affranchir de cette croyance qui me disait que si quelque se sentait mal autour de moi j’étais forcément coupable de quelque chose, à tout le moins obligé d’arranger la situation.
Le début d’un chemin tellement il m’arrive encore de me filtrer pour être cet « homme comme il faut » qui ne fait pas de vagues… Quand j’ai davantage de présence j’arrive à voir un peu plus de ces moments où j’achète la paix par habitude parce que quelque chose en moi préfère le confort sécuritaire à l’aventure « dangereuse » qui peut survenir quand je dis clairement ma vérité.
Toujours cet équilibre à trouver entre le confort et l’inconfort… Merci à toi d’oser t’aventurer avec moi dans ces eaux troubles si pleines de contrariétés dévoilées, de montagnes russes émotionnelles, mais aussi de cette joie si vraie, si vive quand nous osons être nus l’un pour l’autre, sans artifice.
~Jean-Philippe Ruette