Il serait si facile de courir, de me jeter sur toi, de te prendre sans même te regarder, sans même te respirer. Tant de fois je me suis saisis de toi, comme si tu n’étais qu’une fleur à cueillir, qu’un objet de plaisir.
Année après année, tes yeux sont venus me trouver et me ramener de cette pénombre où je me perdais, hypnotisé par le fil de mes pensées. Que d’amour et de patience pour m’avoir aimé sans jamais renoncer.
La lenteur est arrivée parce que silencieuse, sans faillir tu m’as regardé. Complètement nue, sans artifice tu es restée, ferme, si bien ancrée. Toujours, tu as su résister à mes envolées, à toutes mes idées qui n’avaient pas été semées avec la main de l’Amour.
Depuis le début, tu as été, tu es encore, celle qui ressent, celle qui donne la mesure, la gardienne du tempo sacré de notre danse à deux. Merci de n’avoir rien sacrifié, de t’offrir encore et encore avec la même innocence, la même pureté, la même candeur. Quelle leçon que celle de ton abandon !
Ce soir comme chaque soir, j’ai rendez-vous avec nous, avec cette lenteur sensuelle qui assemble nos corps avec une perfection si belle, si naturelle.
Ce soir comme tous les soirs, j’ai rendez-vous avec cette Éternité, qui n’existe qu’en toi.
~Jean-Philippe Ruette