Quand j’incarne le pôle dynamique de notre relation, quand je m’avance et me prolonge en elle, j’aime sentir son abandon offert comme un cadeau. Le cadeau de sentir que mon offrande peut exister parce qu’elle est pleinement reçue. Le cadeau de toucher du cœur la confiance qu’elle ressent à mon endroit et qui lui permet de désarmer, de s’ouvrir, de s’abandonner.
Évidemment ce n’est pas toujours le cas. Il est des soirs où je la sens vigilante, sur ses gardes et il fut un temps où cela me faisait vraiment mal. Je ressentais sa fermeture comme un désaveu, un refus d’être dans le « NOUS ». Je me suis raconté tellement d’histoires pour éviter de regarder dans le miroir qu’elle me tenait du bout du corps…
Et puis un jour, je me suis posé la question suivante : peut-elle vraiment me faire confiance en cet instant ? Et là j’ai vu toutes les sphères ambiguës de ma vie, tous ces endroits plongés dans l’ombre où je me tenais hors intégrité : ces engagements que je ne tenais pas, ce manque de rigueur, de clarté, de vision, de cohérence entre mes actions et mes paroles. Ouch…
Et je me suis posé la question qui les contient toutes : suis-je en cet instant en train de vivre pleinement, d’être au service de quelque chose qui me dépasse, d’offrir mes dons (mon unicité) à ceux qui m’entourent ?
Aujourd’hui je comprends que c’est plus un choix corporel que rationnel, que son corps se ferme de lui-même quand je suis l’ombre de moi-même, quand je marche les yeux fermés. Aujourd’hui je comprends que son corps ne peut pas mentir et qu’il s’ouvre quand elle se sent suffisamment en sécurité, quand elle me sent présent devant elle, quand je me tiens dans ma vérité.
Merci mon adorée de tenir ton miroir bien haut, avec une douce mais constante fermeté. Ta franchise est inestimable, surtout quand je m’enfonce dans le confort douillet de ma propre importance, surtout quand j’ai l’impression d’être rendu à une quelconque destination, muni d’une carte et de mon couteau suisse ;).
~Jean-Philippe Ruette