Au-delà de mon instinct de reproduction existe en moi une force puissante. Jour après jour, depuis toujours, elle me pousse vers Elle. En surface il y a bien sûr cette envie de plaisir, de jouissance. J’aime sentir mon corps vibrer au contact du sien et ce mouvement qui s’éveille en moi quand je suis près d’elle, en elle. J’aime cette intensité, cette excitation, ce bouleversement sensoriel qui se produit quand je vais à sa rencontre.
En profondeur, j’ai mis longtemps à le comprendre, se trouve en moi un besoin fondamental d’équilibre, d’ancrage et encore plus profondément, celui de toucher à la paix profonde qui en résulte. Je souris en pensant à ce qu’elle dirait alors d’un air malicieux : « et je connais ta stratégie préférée pour répondre à ce besoin ! »Et je lui répondrais d’un clin d’œil complice.
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Plonger en elle c’est comme d’entrer dans une rivière, dans ce courant puissant qui m’emporte sans effort dans son voyage vers la mer… Plonger en elle c’est aussi comme d’entrer dans la mer immense, dans cet espace d’apesanteur où la musique devient lointaine, diffuse, où les couleurs sont plus lumineuses, plus vives, où le temps s’allonge pour faire place aux vagues éternelles, au Silence vibrant qui existe au cœur de chaque instant.
Et puis et puis, au bout d’un certain temps, ses marées finissent par me déposer sur un rivage ensoleillé, à la périphérie de la raison, dans cet espace transitoire où je me sens si nu, si vulnérable, si touché par son offrande, par sa rayonnante beauté illuminant la Terre et le Ciel. Aussi, je reste encore un moment, allongé près d’elle, collé-serré, chargeant mon corps de sa lumière, de son amour qui, comme le soleil, me pénètre jusqu’aux os, jusqu’au cœur, là où paix et gratitude se confondent et ne font qu’Un.
~Jean-Philippe Ruette