Ces temps-ci nous parlons souvent elle et moi du cycle féminin, de ces grandes vagues qui vont et viennent en elle semaine après semaine. De la voir s’interroger, explorer, découvrir plus intimement chacune de ces phases m’invite à me questionner moi-même sur la place que ça prend dans ma vie.
Depuis longtemps je cherche une sorte d’équivalence masculine et je dois dire que je n’ai rien trouvé. Toutefois, j’observe de plus en plus un alignement de mon énergie sur la sienne. Comme si le fait de vivre en symbiose avait permis une harmonisation plus étroite de nos biorythmes, comme si une fluidité naturelle s’était installée.
Avec le recul, j’observe maintenant que je ne résiste plus comme avant aux périodes de calme plat qui suivent généralement les moments de grande traversée. Il me semble également mieux percevoir les moments de transition où, sous l’impulsion des hormones, l’énergie bascule subitement dans la prochaine saison.
De plus en plus je sens toute la richesse et les enseignements véhiculés par le cycle féminin. Par exemple, la femme qui saigne sait intuitivement qu’il y a un deuil à faire, que certaines choses doivent être laissées derrières… Son corps lui rappelle à chaque mois cet éternel recommencement et la futilité d’accumuler sans fin.
Pour moi et pour d’autres hommes sans doute, c’est moins évident. D’une part j’observe la facilité avec laquelle je peux écarter une émotion pour garder les idées claires. Ce qui m’est souvent très utile. D’autre part je constate que je n’ai pas le réflexe d’y revenir plus tard pour traiter l’émotion. Et donc ça s’accumule dangereusement à l’intérieur…
Avec un certain étonnement, j’ai réalisé cette semaine que moi aussi j’étais dans la fluidité et le laisser aller. Comme elle je me suis efforcé de ne pas résister, de rester souple malgré la météo intérieure. Aussi ce fut pour moi une occasion en or d’accueillir enfin de vielles émotions refoulées qui, par bonheur, ne demandaient qu’à me quitter.
~Jean-Philippe Ruette