L’instinct de reproduction est une force puissante avec laquelle nous devons tous composer, consciemment ou pas. Périodiquement, à travers les flots de nos hormones et de tout ce qui en découle, nos corps nous rappellent à leurs façons cet impératif du grand cycle de la Vie.
Notre sexualité, lorsqu’elle se vit dans cette urgence – celle de se reproduire coûte que coûte – laisse peu de place à tout ce qui pourrait exister entre nous à cet instant. Tel un rouleau compresseur, l’excitation nous comprime littéralement l’un sur l’autre dans une tension qui n’en finit plus de monter jusqu’à devenir pratiquement insupportable !
Dès lors, nous courrons l’un et l’autre vers le soulagement tant désiré : cette explosion qui nous délivrera de toute la tension accumulée. Avec du recul c’est comme si ma partie animale prenait le relais pour répéter un scénario inscrit dans mes cellules pour le bien de l’espèce. Mais est-ce vraiment ce dont j’ai besoin la plupart du temps ?
Pour l’avoir essayé pendant longtemps je sais que cette façon de faire est répétitive et peu satisfaisante sur le long terme, ni pour elle, ni pour moi. Biologiquement elle a fait ses preuves j’en conviens, mais elle me laisse avec l’impression d’effleurer seulement la surface de la rencontre…
L’instinct me commande de me contracter, de me tendre vers un objectif à atteindre à tout prix. Mais que se passe-t-il quand je laisse cette urgence me traverser sans monter dans son train ?
La respiration profonde et la relaxation qu’elle amène, permet au plaisir de vraiment prendre toute la place en nous, de faire vibrer nos corps comme s’ils étaient des instruments de musique! Pourquoi se contenter d’une seule partition quand nous pouvons nous offrir une symphonie ?
Pourquoi nous contenter d’une course de quelques minutes quand nous pouvons surfer – encore et encore – sur les vagues d’un plaisir en expansion, quand nous pouvons plonger toujours plus loin dans cette joie profonde d’être ensemble, complices, amoureux, vivants !?
~Jean-Philippe Ruette