Il existe en elle, dans son ventre de femme, une puissance ancienne et sauvage, un amour indompté ayant le pouvoir instantané d’ouvrir, de mettre à nu, même le plus cuirassé des chevaliers. Prenez un instant pour laisser ces mots vibrer à l’intérieur… Chaque femme porte en elle cette puissance, cet amour qui ne demande qu’à jaillir, qu’à toucher, qu’à nourrir ce mouvement infini, ces vagues éternelles qui vont et viennent et qu’on appelle plus simplement la Vie.
À la racine de mon désir d’elle, de mon envie de la posséder, se trouve enfouie, inaltérée, cette quête éternelle de me tenir nu devant elle (en elle), baigné, inondé, submergé par le flot tumultueux de son amour-qui-donne-la-vie. Hélas ou par bonheur, ce pouvoir de la femme-magicienne ne peut s’acheter, se négocier, s’échanger. Il ne peut qu’être offert librement à celui qui trouvera en lui suffisamment de courage pour traverser sa peur, pour déposer son armure et la laisser entrer dans son cœur, tandis qu’elle le laisse entrer dans son corps.
Ce faisant, l’homme au cœur nu touche alors au cadeau inestimable de sa vulnérabilité et se retrouve dans cet espace béni de gratitude silencieuse où il adore cette femme-magicienne qui donne sans compter, qui rayonne d’un feu traversant même les ombres les plus profondes. Ce faisant, il touche aussi à cette majesté naturelle, à cette force tranquille et bienveillante, juste et tranchante qui émane de l’homme gardien d’un trésor, gardien de la vie elle-même. Naturellement, il devient aussi ce jardinier qui cultive avec passion, avec dévotion, cette terre fertile où il voit fleurir la femme-magicienne.
Que de gratitude d’avoir le privilège d’être celui qui se tient dans le feu de ton amour, beau temps mauvais temps, blotti dans ce creuset intime du « nous » qui, petit à petit, m’affine et me libère, du passé, de l’inutile.
~Jean-Philippe Ruette