La femme-abondance

Loin de toute comptabilité, la femme se donne toute entière à celui qui sait trouver le chemin de son cœur, à celui qui reste là, beau temps mauvais temps, à chacune de ses saisons. Elle se donne en offrant sa rayonnante beauté, celle qui vous ouvre le cœur sans effort et vous remplit de soleil. Elle se donne aussi en vous ouvrant son corps, en vous accueillant dans sa chair de femme, là où elle est la plus vulnérable.

Comment allez-vous entrer en elle ? Et pour y faire quoi ? Étonnamment je ne m’étais jamais posé ces questions. Et vous ? Est-ce pour m’exciter, pour faire diminuer mon stress, pour recevoir le prix du meilleur amant ? Quelle est mon intention, quelles sont mes pensées, mes attentes tandis que je contemple son corps nu ? Suis-je ici dans mon corps où là-bas dans un futur fantasmé ?

Respirer, ralentir, ressentir m’aide à prendre contact avec moi d’abord. Là, je peux ajuster la fréquence, l’intention. Suis-je là pour offrir, pour prendre ? Reste-t-il des non-dits à partager ? Suis-je vraiment le bienvenu ? Suis-je attaché à ce que ça se passe d’une certaine façon ou suis-je prêt à accueillir ce qui est vivant entre nous ?

Respirer, ralentir, ressentir m’aide vraiment à entrer en elle avec toute la Présence disponible. À son rythme, je m’avance en suivant le mouvement de ses vagues. Au lieu de forcer le passage, je lui laisse enfin le temps de s’ouvrir, de me recevoir, de canaliser toute ma puissance d’homme. Cette qualité de Présence, la mienne et la sienne réunie, permet à nos sexes de respirer, de s’épouser, de vibrer à l’unisson.

Et de cette vibration, de cette résonance, va naître un mouvement (ou pas), une sorte de danse silencieuse, intime et vraie, dans laquelle je donne et reçois sans effort, sans même faire un geste, ouvert, ému d’être ainsi l’un dans l’autre, corps et cœurs entrelacés, bercés tendrement par les vagues éternelles du Grand Océan. Et dans cet espace sans muraille, il n’y a que la Gratitude pure, celle qui existe sans raison, celle qui porte ton nom.

~Jean-Philippe Ruette