Faire l’amour pour tenir la « démone » à distance

Si vous avez lu « Faire l’amour de manière divine » (Barry Long), alors vous êtes déjà familier avec l’archétype de la « démone ». Sans aucune complaisance l’auteur affirme que depuis longtemps l’homme a oublié comment aimer la femme avec « justesse ». Tout au long de son livre il insiste sur la place absolument centrale que doit avoir l’amour dans la sexualité.

Selon lui, la misère relationnelle des couples serait le résultat désastreux de cet « oubli d’aimer » devenu la triste norme. Il ajoute que la jeune femme, dès sa première relation sexuelle, vit un immense désenchantement en constatant que son rêve d’être aimée avec « justesse » n’était finalement qu’un rêve.

Au fil du temps, à force d’expérimenter toujours la même déception, celle-ci se dit que ce rêve n’était qu’une fantaisie et finit par se résigner (en partie) à la sexualité orientée « objet » proposée par la majorité des hommes. Pourtant, deep inside, quelque chose hurle en elle et refuse de mourir ! C’est le cri de la « démone » qui s’anime en réponse à cette injustice.

La « démone » canalise alors toute l’énergie résultant de ce conflit intérieur insoluble et accumule dans l’ombre une formidable charge émotionnelle prête à exploser à la première occasion. Périodiquement, vous vous en doutez, le trop plein va devoir sortir sous différentes formes. L’auteur parle par exemple de la tempête émotionnelle féminine qui ne laissera jamais l’homme oublier… ce qu’il a oublié. Il parle aussi des conséquences physiques : tous les maux associés au ventre de la femme (comme par exemple le syndrome prémenstruel).

Personnellement nous avons longtemps vécu avec les différentes manifestations de la « démone ». Aujourd’hui nous en rions de bon cœur mais il fut un temps où c’était un terrain passablement miné. Cependant, malgré tout notre déminage, elle-même le dit, la « démone » n’est jamais très loin. Il suffit que notre connexion manque un peu d’amour, que la « justesse » perde un peu le nord pour que celle-ci refasse irruption dans le « nous ».

Aussi maintenant, quand elle me dit en riant (à moitié) « ce soir j’ai besoin de faire l’amour plus que 30 minutes ! » je me rappelle en prenant une grande respiration que rien n’est jamais acquis et que chaque soir est un éternel recommencement. Présence à soi, ouverture du cœur et du corps, et surtout, surtout, de l’amour à laisser couler sans fin, sans aucune retenue, encore et encore.

~Jean-Philippe Ruette