Faire l’amour avec son corps

Ça a été tout un choc lorsque j’ai pris conscience que ma sexualité était essentiellement alimentée par toutes les histoires que je me racontais dans ma tête en mots et en images. Des histoires qui se déroulaient dans un futur (jamais assez) proche ou qui se rejouaient au passé composé, mais qui se conjuguaient rarement au présent.

J’aurais bien voulu qu’elle s’engage avec moi dans une exploration sans fin des mille et une façons de s’exciter, mais hélas ou par bonheur, cela ne l’intéressait plus. Elle me parlait de Rencontre, de Connexion, d’Amour, de tous ces mots en lettres majuscules. Elle me disait que son corps n’en pouvait plus de toute cette tension, de toute cette pression, de courir vers cette fin (faim) attendue.

Mais comment faire pour entrer dans le moment présent ?

Partout j’ai trouvé la même information répétée à l’infini. Je devais me connecter au corps en utilisant ma respiration. Mais pourquoi était-ce si difficile ! 5 minutes de méditation me semblaient insurmontables ! Dépité, je me suis aperçu que je passais l’essentiel de ma journée ailleurs que dans mon corps, toujours à pourchasser le fil de mes pensées.

Pourquoi mon corps était-il si inconfortable ?

En creusant j’ai découvert que mon corps – à chaque instant – me reflétait dans ses mots (maux) à lui mon état émotionnel : tensions, nœuds, agitation, stress, maladies, zones d’inconscience. Une chose était certaine, mes émotions avaient créé une foule de symptômes que je fuyais dans toutes les directions (distractions) possibles et surtout dans ma tête, le refuge par excellence.

Mais comment retourner à la maison ?

J’ai commencé à y arriver en cessant de voir l’inconfort comme un ennemi et en m’asseyant jour après jour pour accueillir – ressentir sans condition – l’éventail de mes symptômes. Petit à petit mes émotions bloquées ce sont remises en mouvement pour circuler à nouveau telle une rivière paisible et tumultueuse. Bien sûr c’est un travail sans fin, mais quelle belle aventure !

Petit à petit, je me suis aperçu que j’étais de plus en plus présent à moi-même, disponible pour cette fameuse Rencontre qu’elle m’avait proposée, ouvert à cette mystérieuse Connexion et maintenant capable d’Aimer cette femme bien réelle – pas celle fantasmée – qu’il était si doux en vérité, de caresser sans arrière-pensée.

~Jean-Philippe Ruette