Il fut un temps où je vivais dans l’angoisse permanente de ne pas savoir quand aurait lieu la prochaine fois. Comme la sexualité n’était pas vraiment nourrissante (ni pour elle, ni pour moi), je n’en avais jamais assez. Comme un junkie, je vivais dans l’attente permanente de ma prochaine dose.
Dans ces conditions, dès que j’avais un semblant de consentement, je me précipitais en elle pour être bien certain de profiter de l’occasion. Je suppose qu’inconsciemment, j’avais peur qu’elle ne change d’idée. Puis, une fois en elle, je tentais comme je le pouvais d’y rester le plus longtemps possible, tout en espérant arrêter le temps.
Évidemment si j’avais eu le courage de lui poser la question : « es-tu prête à être pénétrée ? » ET si elle avait eu le courage de me dire sa vérité : « j’ai besoin de plus de temps pour m’ouvrir » alors j’aurais compris plus vite l’évidence : elle a besoin de temps pour être prête à me recevoir, pour me dire un vrai « OUI ! je te veux en moi ».
À trop vouloir me dépêcher, je me privais sans le savoir du bonheur incroyable d’être pleinement reçu dans ses profondeurs de femme. Lorsqu’elle en a le temps, lorsqu’elle me fait cet honneur, alors je sens vraiment que ma puissance d’homme peut se déployer et la toucher, là où elle m’attend secrètement pour y être adorée, tout au fond de son Temple Sacré.
Au fil de ces pénétrations prolongées, de ces communions partagées, j’ai réalisé que moi aussi j’étais profondément touché par son abandon, par sa confiance accordée, par sa rayonnante beauté, celle qui touche, celle qui ouvre et me fait murmurer les mots les plus doux, ceux que l’on dit toujours, comme si c’était la première fois.
~Jean-Philippe Ruette