Ensemble, revenir d’exil

Avec beaucoup de patience, de présence, d’amour, l’homme, s’il le désire vraiment, peut offrir à la femme l’espace dont elle a besoin pour baisser les armes et contacter son désir infini de le prendre tendrement en elle, jusque dans ses profondeurs les plus sacrées. Là dans le secret de son ventre clos, une partie d’elle attend depuis si longtemps une offrande, une délivrance…

Par bonheur, par la magie de l’amour, ce qu’un homme a fait, un autre homme (ou le même) peut le défaire. Aussi, malgré toute la souffrance accumulée dans le collectif féminin et jusque dans le corps de toute femme, chaque homme peut offrir son feu bienveillant – celui qui réchauffe, celui qui guérit – et s’engager avec elle sur le sentier de la guérison.

La pénétration lente, profonde, continue permet à la femme de retraverser consciemment ce voile douloureux qui la sépare d’une partie d’elle-même et de toute l’étendue de son pouvoir féminin. Avec douceur, avec présence, la puissance masculine touche, libère en devenant ce catalyseur par lequel les émotions cristallisées de la femme vont enfin pouvoir se dissoudre et passer.

Il n’est pas facile d’accueillir ces torrents de larmes, ces cris de rage, ces vagues de tristesse, ni pour elle ni pour lui. Heureusement, chaque guérison rapproche, chaque libération vous ramène l’un et l’autre vers plus de paix, plus d’abandon et surtout vers cette intimité si profonde : délicieuse connexion retrouvée…

Ce processus alchimique, peu à peu entraîne les amants émerveillés vers un espace de plus en plus sacré, tissé de silences et de vagues. Un endroit où l’abondance remplace le manque, où l’ouverture devient la norme, où l’amour circule enfin – car tel est son destin – de nouveau de son cœur vers le mien, de mon sexe vers le sien.

~Jean-Philippe Ruette