De la convoitise à l’adoration

Ça a été pour moi un long chemin que de passer de l’une à l’autre et chaque jour me demande vigilance, présence pour rester du bon côté de cette ligne invisible. Par bonheur, la femme possède en elle un détecteur très sensible qui réagit instantanément à la nature de l’intention qui me pousse vers elle. Dans le doute, il n’y a qu’à demander pour avoir l’heure juste.

Quand je l’observe en moi je réalise que la convoitise prend sa source dans la peur de manquer. Invariablement, si je n’en suis pas conscient, j’active alors mon mécanisme de protection qui va exiger d’elle une nouvelle dose pour remplir mon vide. Évidemment, comme cela part de la peur, même si elle répond à mon exigence, cela restera en définitive bien peu satisfaisant. Tôt ou tard, la peur reviendra et me gardera dans le même cercle vicieux, dans la même dépendance…

L’adoration elle je l’ai découverte en lui ouvrant mon cœur. Quand je l’observe en moi je réalise que celle-ci prend sa source dans l’accueil inconditionnel de sa beauté librement offerte. Je parle ici, vous l’aurez deviné, de cette beauté solaire, rayonnante qui émane naturellement du cœur de la femme amoureuse, de la femme adorée. Pourquoi la saisir et la retenir alors qu’il n’y a qu’à s’ouvrir pour la recevoir ?

Peut-être parce qu’ouvrir son cœur n’est pas si facile… Cela demande du courage pour aller dans cet espace de vulnérabilité. À l’image du sexe de la femme, ce n’est pas quelque chose dont on peut exiger l’ouverture. Non, celle-ci doit se faire de l’intérieur et être motivée par le désir de sortir des sentiers battus pour entrer dans l’abondance de la vie.

Quand je le fais, il m’arrive alors de vivre ces instants bénis où, touché au cœur par sa beauté de reine, je m’agenouille simplement à se pieds pour poser ma tête sur sa poitrine-source-de-vie tandis que son cœur remplit le mien d’une lumière pure, inaltérée, celle chantée depuis toujours, par les poètes et les troubadours…

~Jean-Philippe Ruette