Au-delà de la mère et de la putain

Il y a 5 ans, en ce jour même, je me préparais à quitter la maison pour un voyage qui allait s’annoncer initiatique, un voyage qui je le croyais prendrait fin au bout de 3 semaines mais qui m’a plutôt mené sur une nouvelle route que je suis encore en train de découvrir.

Suite à 3 semaines passées à me ressourcer, me redécouvrir dans la magnifique Australie je suis revenue plus connectée que jamais alors avec moi-même et en ayant fait une prise de conscience majeure qui allait marquer un point de non-retour dans notre relation de couple. Je ne voulais plus de cette sexualité que je qualifierais maintenant de « conventionnelle » parce que vécue par la grande majorité des couples, une sexualité à tendance mécanique, dans laquelle le cœur a peu ou pas de place et qui a pour but de se soulager d’un trop-plein de tension à travers la course à l’orgasme. Ce choix je l’assumais, je me sentais enfin en paix avec moi-même. Je ne ressentais plus cette culpabilité de ne pas être normale et aussi, plus important, je ne me sentais plus la seule responsable de ce désintéressement. À ce moment je savais clairement ce dont je ne voulais plus, mais je me retrouvais devant une impasse ne sachant pas non plus ce que je voulais, ce à quoi j’aspirais. Je me retrouvais devant un grand vide et c’est pourquoi la seule option possible me semblait être de renoncer à la sexualité.

Ce n’est que cette semaine que j’ai pris conscience d’une croyance largement répandue en lien avec le complexe de la mère et la putain. Cette croyance nous laisse sous-entendre que la femme se retrouve soit dans l’un ou l’autre de ces archétypes, mère ou putain, et nul doute que la sexualité conventionnelle alimente parfaitement cette pensée. Mais pour la femme, lorsque le désir de devenir mère n’est plus et que de jouer à la putain, à faire l’amour sans amour ne nous allume plus, que reste-t-il de cet acte ? Quelle est notre place ? Serait-t-on passé à côté de quelque chose ?

Aujourd’hui j’expérimente un nouvel archétype, l’archétype manquant en quelque sorte, que je nommerais simplement celui de la Femme. Lorsque l’homme et la femme décident de remettre du cœur au cœur de la sexualité, lorsqu’ils s’engagent à investir toute leur présence dans chacune des cellules de leur corps, lorsque le mental ne fait plus partie de l’équation et qu’ils se laissent guider par leur intuition et leur ressenti dans cette danse à deux, la sexualité redevient magique autant pour lui que pour elle. Le corps de la femme a enfin le temps dont il a besoin pour se réveiller d’un trop long sommeil qui lui permet d’enfin vibrer de tout l’amour qui l’habite, de ressentir la connexion qui l’unit à l’homme et au grand tout.

Sans pouvoir le mettre en mots à cette époque, ce que je recherchais alors simplement c’était de me sentir vivante, vibrante, rayonnante, connectée, reliée à travers la sexualité… à me sentir pleinement Femme.

~Julie Tremblay