Emportée… un peu trop loin

Je me souviens de ma première lecture du livre de Barry Long. À chaque page que je terminais, j’avais la sensation qu’un dense brouillard se dissipait, brouillard qui voilait une connaissance enfouie profondément en moi. J’arrivais enfin à mettre des mots sur mon ressenti, des mots pour décrire cette façon dont je voulais tant faire l’amour mais que jusque-là, je n’arrivais pas à nommer. Ce fût une énorme délivrance pour moi, d’autant plus que j’avais à mes côtés, un homme prêt à s’aventurer avec moi sur cette route nouvelle. J’ai tout de suite crié victoire !

J’ai commencé à contacter avec la femme qui dormait en moi. Je sentais sa puissance vibrer, gronder en moi, senti l’éveil de la déesse. Il m’était enfin possible d’accéder à cet état d’extase mi-oublié que je recherchais depuis si longtemps. Et plus j’y goûtais, plus je ne voulais rien d’autre. J’avais tant donné de moi dans cette façon de faire l’amour qui ne me nourrissait qu’en surface que je n’en voulais plus, même pas une miette. C’était terminé, sur ce plan j’avais déjà suffisamment donné. Chaque fibre de mon corps, affamée depuis si longtemps réclamait maintenant ce qui semblait être son dû, la déesse en moi réclamant d’être enfin aimée, adorée comme il se doit.

En très peu de temps j’en suis venue à être de plus en plus exigeante face à lui. Exigeant à chaque occasion la parfaite rencontre. La parfaite connexion. J’avais de plus en plus de difficulté à tolérer une caresse qui me semblait empreinte d’un peu moins de conscience que la précédente. Quelques instants au cours desquels sa présence flirtait avec ses fantasmes suffisaient pour me décourager totalement. Je me fâchais contre lui, impatiente, je le repoussais. La colère refoulée depuis des années émergeait à grandes coulées.

Puis un jour j’ai prononcé des mots qui ne devraient jamais se dire, il en a eu marre de si peu de reconnaissance à son égard. Alors après avoir encaissé le choc du mur dans lequel elle venait de se heurter, la déesse-à-l’égo-démesuré que j’étais devenue est descendue du piédestal sur lequel elle s’était posée. Une fois la tempête apaisée, je suis allée reprendre la place qui était mienne. Ma place de Femme. Celle qui se trouve à ses côtés, tout au creux de ses bras. Et c’est à cet endroit que j’ai enfin pu entendre ce qu’il tentait de me dire depuis tout ce temps, ce que je n’entendais pas : Qu’il faisait chaque fois de son mieux. Qu’il me demandait de l’aider. Que c’était difficile de se défaire de tous ces conditionnements. De baisser l’armure. De garder le cœur ouvert quoi qu’il arrive. Mais aussi, qu’il avait des besoins d’hommes, des besoins à lui et que ces derniers n’étaient pas comblés tant je ne me préoccupais que des miens. Ce soir-là, le vrai dialogue, celui dans lequel on peut se dire tout s’est installé entre nous. La colère s’est évaporée et nous avons enfin pu prendre cette nouvelle route… ensemble.

Il aurait pu partir tant je l’ai blessé, mais il est resté, et ce faisant, il m’a offert le privilège d’être celle qu’il choisissait pour honorer et adorer l’Homme qu’il est, et ce tout autant qu’il adorait et honorait la Femme que je suis.

~Julie Tremblay